ÉCHOS – Documents virtuels sur l’exposition

Une exposition réalisée dans le cadre du projet
Mentorat et visibilité – édition 2

English version

Mentorat et visibilité est un projet du Conseil culturel fransaskois afin de soutenir la professionnalisation d’artistes visuels francophones ou francophiles. Pour mener ce projet et accompagner les artistes dans leur démarche, le CCF a fait appel à Serge Murphy, commissaire, artiste et critique en arts visuels basé à Montréal.

Dans l’édition 2019-2020, et sous le regard attentif du commissaire, les artistes ont travaillé pendant une année afin de proposer une ou plusieurs œuvres liées à leur démarche. Le résultat de ce travail est réuni dans une exposition intitulée ÉCHOS.

Les quatre artistes de la cuvée 2019-2020 qui font partie de cette exposition sont Estelle Bonetto, Jesse Fulcher Gagnon, Allysha Larsen et Jeff Morton.

ÉCHOS

Précision : Cette exposition devait se tenir à la galerie BAM de Saskatoon au printemps 2020. À cause de la pandémie,  l’exposition prévue en galerie n’a pas pu se réaliser. Avec l’accord des artistes, le Conseil culturel fransaskois a proposé de présenter le travail des artistes en créant une exposition virtuelle. Les images que vous voyez dans ce document ont toutes été réalisées à la galerie BAM. Chacun des artistes a pu profiter d’une journée entière pour installer ses œuvres. Ainsi, bien que rien n’enlève le plaisir du contact direct avec les œuvres, nous croyons que cette exposition virtuelle donne quand même un très bon aperçu du travail des quatre artistes. Le montage virtuel de cette exposition a été réalisé par Kenton Doupe.

Les artistes aujourd’hui ont accès à un éventail inégalé de pratiques différentes, de matériaux inusités. Leurs œuvres par leur contenu et par leur forme cherchent à s’ancrer à la vie contemporaine telle qu’elle se joue au jour le jour. Ils sont les yeux, les oreilles et la voix de l’univers sensible qui les entoure et qui les enveloppe. Ils interviennent activement, chacun à leur façon, pour nous soumettre leur angle de vue personnel.

Par ailleurs dans cette exposition, nous retrouverons des préoccupations partagées par les quatre artistes. En effet, chacun d’eux montre une manière originale de prendre place dans l’espace de création en faisant résonner le réel tel qu’il se présente à eux. Toutes les œuvres réalisées illustrent bien la prise de distance que chaque artiste s’octroie pour intervenir dans la perception du réel. Créant chacun un parcours où les humains, les sons, les signes et les objets interagissent, les quatre artistes s’inventent un univers personnel qui palpite en eux et qu’ils nous décrivent. C’est ainsi que l’écho du monde, de leur monde, nous parvient.

Dans les quatre démarches présentées lors de cette exposition, nous sommes témoins d’une prise en charge originale du lien qu’entretient l’artiste avec ce qui l’entoure. Nous soumettons l’idée que les regardeurs de tout âge seront sensibles à ce témoignage et qu’ils s’y reconnaîtront volontiers.


ARTISTES MENTORAT ET VISIBILITÉ – ÉDITION 2

ALLYSHA LARSEN

Crédit photo: Kenton Doupe

La pratique de Allysha Larsen s’inspire en partie de la tradition bouddhiste. Dans son projet actuel, elle présente des dessins libres à l’encre qui parlent de présence et d’absence, de signes et de silences. Avec un coup de pinceau libéré, elle écrit son journal avec un alphabet post-minimaliste où les signes en écho se répondent en se déposant ou en se côtoyant avec une infinie précision. De même avec ses tableaux, Allysha poursuit un travail sensible aux limites d’une abstraction fine et assumée.

Ce travail de prise en compte d’un univers qui apparaît  au-delà du visible s’inscrit dans une recherche de sens où le processus est mis en avant. Chaque image agit comme un instant qui se prolonge plus loin que les frontières de la feuille ou de la toile. Dans cet exercice où tout est à la fois terriblement libre et terriblement lié, on perçoit bien les ramifications qui ont pu mené à un tel déploiement. Et cela même et surtout parce que tout y existe avec une détermination exemplaire. Que ce soit lorsqu’elle travaille en série ou en dessin solo, il y a toujours la même plongée dans un espace infini. En série, les dessins se répondent en une sorte de résonance sourde. En solo, les dessins jouent entre eux une partition libre.

LIEN VERS LE DOCUMENT VIRTUEL SUR L’EXPOSITION ÉCHOS D’ALLYSHA LARSEN

Suivez les actualités d’Allysha sur Instagram: allyshalarsen


ESTELLE BONETTO

Crédit photo: Kenton Doupe

Par la photographie, Estelle pose un regard sur la réalité. Son projet met en scène des praticiens de yoga vus à la lorgnette d’un miroir. Les corps se déploient en images où le réel en arrière-plan se fond avec des humains pratiquant le yoga au premier plan. Nous sommes alors témoins de scènes familières, mais déformées ou plutôt reformulées par le prisme du miroir. Cet élément agit comme un écho à l’expérience yogique et aux différents mouvements liés à cette pratique. Le résultat montre une suite exhaustive d’images photographiques surprenantes et inventives.

On notera également que l’artiste, en multipliant  le nombre de praticiens divers devant son appareil-photo et les angles de prise de vue, refuse de hiérarchiser, de faire un choix entre bonnes ou mauvaises poses ou pratiques. N’est-elle pas alors en accord avec la philosophie yogique où le jugement n’a pas sa place? On notera l’immense liberté prise par l’artiste pour l’installation de sa pièce. Elle prend l’espace à bras-le-corps et le soumet à son intuition. Aucune limite permise afin de s’approprier le lieu. On ne cherche pas ici une linéarité horizontale ou même verticale. On pourrait même soumettre l’idée qu’il s’agit là d’une installation de nature gestuelle…Voilà donc une fresque bien contemporaine où l’image de nous-mêmes produite à l’aide du miroir nous renvoie à notre existence réfléchie.

LIEN VERS LE DOCUMENT VIRTUEL SUR L’EXPOSITION ÉCHOS
D’ESTELLE BONETTO


JEFF MORTON

Crédit photo: Esperanza Sanchez Espitia

L’œuvre de Jeff Morton invite le regardeur à  participer à une expérience. Œuvre interactive, visuelle et sonore, elle se déploie en quatre unités. Chacune de ces boîtes (blanches, en bois) est munie de boutons à appuyer et d’ouvertures où l’on peut voir des paysages abstraits en lien avec les sons intégrés et très délicats que l’on perçoit. L’œuvre de Jeff en est une où le regardeur quitte son rôle passif et agit dans un espace temporel qu’il définit lui-même. Les sons, en écho et plutôt minimalistes, sont ici créés et liés aux images intégrées à chaque boîte.

Ce type de travail qui allie le sonore et le visuel dans un esprit de surimpression ou de partage, nomme un univers où l’ouïe et la vue du regardeur sont sollicitées simultanément. On y verra des sortes de paysages abstraits où le contexte sonore participe à la lecture qu’on en fait.  L’aspect ludique de l’ensemble allié à un travail d’écriture du son manipulé avec finesse et où les images peintes créées (ou générées) agissent en collaboration, ne trompe pas. Le jeu ici fait appel au joueur consentant. Il devient un acteur actif, le grand manipulateur qui donne du sens au jeu qu’on lui propose. C’est à lui que revient la tâche de nommer ce qu’il voit et entend.

Avertissement :

La situation causée par la pandémie du COVID-19 nous a contraints à annuler l’exposition de groupe prévue à la galerie d’art BAM, début mai 2020.

Merci de comprendre que le format virtuel ne se prête pas aussi bien à toutes les œuvres que les artistes ont mis plus d’un an à développer et réaliser. 

Les œuvres de l’artiste Jeff Morton sont interactives et requièrent que le spectateur prenne le temps de chercher les images et de tester les combinaisons possibles. L’expérience artistique du spectateur qui interagit avec l’œuvre aboutit après un cheminement et une exploration.

LIEN VERS LE DOCUMENT VIRTUEL SUR L’EXPOSITION ÉCHOS DE
JEFF MORTON

Suivez les actualités de Jeff :

www.jeffreydavidmorton.ca

https://www.instagram.com/jeffreydavidmorton/?hl=en

https://vimeo.com/jeffreydavidmorton

https://jeffreydavidmorton.bandcamp.com


Jesse Fulcher Gagnon

Crédit photo: Matt Ramage

Dans une première œuvre, Jesse nous propose un univers onirique avec un dessin surréaliste où apparaissent des figures oniriques issues d’un imaginaire foisonnant. Le support du dessin ici est un rouleau où se déroule une histoire improbable et où les formes se mêlent et s’entrechoquent dans un déluge de couleurs. Le dessin s’affirme et suscite chez le regardeur un effet de surprise certain. L’artiste montre une adhésion au monde tel qu’il lui apparaît à travers l’échoqu’il en perçoit et qu’il nous donne ensuite à voir.

Dans un geste performatif, l’artiste détruira son grand dessin en le déchirant au mur. Et par l’effet de l’inversion animée, il restituera le dessin d’origine. Dans une seconde œuvre, l’artiste performeur jouera une sorte de danse avec l’angle du mur pendant que défileront sur trois écrans vintage des images animées présentées en boucle. Ces dessins animés sont de la même famille, du même univers que le grand dessin au mur.  C’est là toujours les mêmes fantasmagories, les mêmes chimères. Et le rêve se poursuit avec un regardeur fictif numérisé, l’artiste et son double, étendu de tout son corps devant les écrans.

LIEN VERS LE DOCUMENT VIRTUEL SUR L’EXPOSITION ÉCHOS DE
JESSE FULCHER GAGNON